Etre heureux dans un monde qui va mal : le rapport des Français au bonheur

La nouvelle étude du think tank Destin Commun, réalisée en partenariat avec TEDxParis, “Bonheur à la française, être heureux dans un monde qui va mal”, met en lumière un paradoxe : 8 Français sur 10 se déclarent heureux à titre personnel, mais ils sont tout autant à considérer que le pays va dans la mauvaise direction. Quelles différences observe-t-on entre les Français qui se déclarent les plus heureux et ceux qui le sont moins ? Quelles différentes conceptions du bonheur coexistent, et de quoi procède ce paradoxe entre bonheur individuel et pessimisme collectif ? C’est à ces questions que la nouvelle étude de Destin Commun répond.

“A rebours de l’atmosphère lourde liée à l’actualité nationale et internationale, cette enquête rappelle une réalité rassurante : la très grande majorité de nos concitoyens sont heureux dans leur vie, de manière largement partagée dans toutes les catégories de la société."

Laurence de Nervaux, directrice de Destin Commun

Les Français sont aussi heureux qu’ils sont pessimistes 

Cette étude révèle que le bonheur individuel est très largement répandu : 8 Français sur 10 (79%) se déclarent heureux à titre personnel. Quelles que soient les catégories socio-démographiques, ce sentiment d’être heureux est nettement majoritaire.

Pas d’écarts majeurs non plus selon les électorats : si les sympathisants de droite et du centre se disent encore plus heureux (88% Ensemble pour la République, 85% LR), ceux du RN (75%) et de LFI (78%) sont à peu près aussi heureux que la moyenne des Français. 

Tout irait-il donc pour le mieux aux yeux des Français ? Loin de là. Le bonheur individuel n’immunise pas contre le pessimisme collectif. Ce sont ainsi plus de 8 Français sur 10 (84%) qui considèrent que le pays va dans la mauvaise direction. 68% considèrent par ailleurs que le monde est un endroit de plus en plus dangereux. Parmi eux, on retrouve une très large majorité des Français qui se déclarent personnellement heureux.

Le bonheur cocon face au chaos du monde 

Face à un monde perçu comme complexe et dangereux, les Français se tournent très nettement vers un bonheur cocon, sorte de refuge pour préserver son bien-être personnel : 

  • Lorsqu’ils ont du temps libre, 62% des Français déclarent préférer “rester tranquille à la maison” plutôt que de “sortir voir des gens”.
  • La vision du bonheur la plus partagée par les Français est hédoniste et réside dans le fait de "profiter des petits plaisirs du quotidien” (47%), tandis qu'ils ne sont que 18% à associer le bonheur au fait d’« atteindre ses objectifs et ses rêves », et 7% au fait de « contribuer à un monde meilleur ».
  • Les Français sont par ailleurs plus sensibles aux enjeux nationaux que globaux : la vie chère les soucie davantage que les guerres, la vie politique française bien plus que l’élection de Donald Trump.

A quoi aspirent les Français pour être plus heureux ? 

  • Les préoccupations matérielles priment : le désir d’“avoir plus d’argent” est partagé par tous les groupes, heureux ou non, en écho à la priorisation du pouvoir d’achat qui s’est installée depuis plusieurs années. La consommation ne semble pas pour autant faire le bonheur des Français : seuls 9% d’entre eux considèrent qu’« aller au centre commercial ou faire du shopping en ligne » leur fait du bien, et 65% disent que l’injonction à consommer toujours plus ne les rend pas heureux.
  • Si les Français les plus heureux aspirent à avoir plus de temps, pour eux-mêmes et pour les autres, les Français les moins heureux se distinguent par deux préoccupations : leur santé mentale et le désir de sortir de l’isolement relationnel. 

Isolement relationnel, défiance et info-anxiété

La solitude est la plus grande entrave au bonheur des Français : seuls 18% des Français qui se déclarent heureux se sentent souvent ou toujours seuls, contre 61% des Français qui disent ne pas être heureux. L’étude révèle à cet égard une alerte s’agissant de la solitude des jeunes.

L’activité qui différencie le plus les Français heureux de ceux qui ne le sont pas : regarder très souvent la télévision. Si les Français les moins heureux déclarent la regarder souvent (59%), ils entretiennent par ailleurs un rapport nettement plus défiant que la moyenne aux médias : 68% déclarent moins suivre l’actualité car cela les déprime trop (vs. 58% des Français heureux) et seuls 22% se sentent bien représentés dans les médias. Cette dissonance révèle un rapport pathologique à l’information, de l’ordre de l’addiction. 

Du cocon à la cohésion : le lien entre bonheur et sociabilité de proximité

A l’inverse, l'étude montre la nette corrélation entre le bonheur individuel et le lien social de proximité : les Français heureux déclarent plus que les autres avoir bu un café avec un voisin ou participé à un événement de quartier au cours des 12 derniers mois.

“Notre étude révèle un paradoxe : alors que les Français sont attirés par le tandem rassurant du cocon et de la consommation, les activités qui les rendent le plus heureux sont plutôt sportives, spirituelles ou sociales."

Laurence de Nervaux, directrice de Destin Commun

Une jeunesse française plus seule et sous pression

La jeunesse française se distingue dans son rapport au bonheur et sa perception du monde : 

  • Les jeunes expriment un sentiment de solitude bien plus important que le reste de leurs concitoyens : 39% des jeunes se sentent souvent ou toujours seuls vs. 27% des Français en moyenne, et seulement 18% des plus de 65 ans.
  • En conséquence, ils expriment davantage le désir d’avoir une meilleure santé mentale et de pouvoir construire des relations affectives que la moyenne des Français.
  • Leur vision du bonheur les met bien plus sous pression : elle est d’abord associée au fait d’atteindre ses objectifs et ses rêves, plus qu’au fait de profiter des petits plaisirs du quotidien.
  • Si les jeunes français sont anxieux quant à leur avenir, ils s’inquiètent également plus de leur impact sur le monde : bien plus que leurs aînés, ils culpabilisent de prendre l’avion, d’acheter des vêtements superflus, ou de ne pas venir en aide aux plus fragiles.

                                                        

Méthodologie de l'enquête : 

Enquête auto-administrée en ligne, du 21 décembre au 2 janvier 2025, auprès d’un échantillon de 3 025 personnes représentatives de la population française métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Représentativité assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession, niveau de diplôme et région)​.