Janvier 2025 : état d’esprit des Français, entre fuite en avant et lucidité

Quel état d’esprit domine chez les Français en ce début d’année ? Quelle est leur vision sur les principaux enjeux de la vie politique nationale ? Notre enquête flash révèle de fortes convictions mais aussi un certain désarroi, entre fuite en avant et lucidité. Tour d’horizon de l’opinion.

Pessimisme, perception de menace, demande d’autorité

Début janvier 2025, ce sont seulement 16% des Français qui considèrent que « la France va dans la bonne direction ».  L’optimisme est légèrement plus élevé chez les plus jeunes, les plus diplômés, et les électeurs d’Ensemble pour la République. Le pessimisme tend à croître avec l’âge. Il est quasiment unanime chez les Laissés pour compte (96% « la France va dans la mauvaise direction), les Identitaires (92%), mais aussi les Militants désabusés (87%). Politiquement, c'est chez les électeurs du Rassemblement National qu’il est le plus marqué (92%).   

68% des Français considèrent aujourd’hui que « le monde est un endroit de plus en plus dangereux ». Ils étaient 54% en 2019. Là encore, cette perception de menace est nettement plus forte au sein de l’électorat du RN (82%), parmi les Français les moins diplômés et les plus âgés. 

63% des Français déclarent qu’« on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre », soit une hausse de 10 points depuis mars 2019 (53%). Cette demande d’autorité est plus partagée encore par les plus de 65 ans (73%), les électeurs du RN (88%) mais aussi LR (81%). 

Vie politique : prisme national et fuite en avant

Quels sujets de l’actualité sont les plus déprimants aux yeux des Français ? Inflation, vie chère et pauvreté arrivent en tête, confirmant la première place du pouvoir d’achat dans les priorités des Français. Le prisme national domine, malgré l’amplification rapide des défis géopolitiques : la préoccupation à l’égard de la vie politique française (35%) dépasse largement celle de l’élection de Donald Trump (15%). 

La vision de l’année à venir pour notre pays est marquée par la fuite en avant : alors que nos concitoyens exprimaient massivement du désarroi, de l’inquiétude et même de la peur lors de la dissolution en juin 2024, et après un semestre de turbulences politiques intenses, ce sont aujourd’hui 64% des Français qui se disent favorables à l’organisation de nouvelles élections législatives dès 2025. 62% se disent par ailleurs favorables à l’organisation d’une élection présidentielle anticipée. Ces deux opinions sont nettement plus partagées par les électeurs RN, les partisans de LFI, les plus jeunes et les Français les moins diplômés, mais elles sont majoritaires dans tous les groupes de la société, à l’exception des électeurs d’Ensemble pour la République.

Réseaux sociaux : 7 Français sur 10 veulent plus de modération

Dans notre baromètre de la confiance, les réseaux sociaux arrivent en queue de classement (seulement 15% de confiance). A rebours des récentes annonces de Mark Zuckerberg, 70% des Français considèrent qu’il y a trop de contenus problématiques et pas assez de modération sur les réseaux sociaux. Cette opinion est très majoritaire chez les usagers de Meta/Facebook (67%), X (60%) et TikTok (57%) (chiffres janvier 2025, publication détaillée à venir).

Inéligibilité de Marine Le Pen : 6 Français sur 10 en soutien aux réquisitions

Alors que le jugement doit être rendu en mars 2025 dans le cadre du procès de Marine Le Pen sur les assistants parlementaires européens, 59% des Français considèrent que les réquisitions de prison et d’inéligibilité visent à protéger et à défendre la démocratie vs. 41% qui considèrent qu’elles mettent en danger la démocratie. A l’exception des Identitaires (mais pas des Laissés pour compte), l’ensemble des familles de valeurs considèrent majoritairement que ces réquisitions visent à protéger la démocratie. C’est le cas de tous les électorats, à l’exception des électeurs du RN (74%). Un quart des électeurs du parti de Marine Le Pen (26%) approuvent néanmoins le principe de ces réquisitions. 

Une nette majorité des Français s’oppose ainsi à l’opinion qu’avait exprimée sur le réseau X Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur et aujourd’hui garde de Sceaux, en réaction à ces réquisitions.

NFP, union ou désunion : le dilemme des électeurs de gauche

Au sujet de l’avenir du Nouveau Front Populaire, les Français manifestent une certaine indétermination, qui fait écho à celle des dirigeants politiques de gauche. L’opinion penche du côté d’une rupture entre La France Insoumise (LFI) et le reste de la gauche, mais les électeurs du NFP sont très partagés.

  • Autant de Français déclarent qu’ils souhaitent une rupture entre LFI et les autres partis du NFP (43%) ou qu'ils n’ont pas d’opinion sur ce sujet (43%). Seuls 14% sont clairement contre cette rupture. 
  • Les Français les plus âgés (60% des 65 ans et plus) et les Stabilisateurs (62%) sont nettement plus en faveur de la rupture, souhaitée par 70% des électeurs Ensemble et LR, et 50% des électeurs RN.
  • Mais les électeurs du NFP, premiers concernés, sont extrêmement partagés : 39% sont en faveur de la rupture, 34% y sont opposés, et 27% n’ont pas d’opinion. 
  • Au sein de la gauche, les Verts font figure d’arbitres : tandis que l’électorat PS soutient majoritairement la rupture (51% pour vs. 19% contre), les électeurs LFI y sont à 51% opposés. 41% des électeurs des Ecologistes y sont favorables, vs. 25% défavorables. Mais dans les trois partis, la perplexité habite aujourd'hui un tiers des électeurs.
  • Les jeunes sont ceux qui déclarent le plus ne pas avoir d’opinion sur ce sujet (57% des 18-24 ans), avec les Laissés pour compte (61%).