Les diverses interprétations des causes de la crise révèlent trois visions du monde :
- Une crise systémique : Militants désabusés et Stabilisateurs incriminent notre dépendance aux énergies fossiles, mais aussi les entreprises énergétiques, les banques et la finance.
- Une crise exogène : Libéraux optimistes et Attentistes dénoncent avant tout la Russie, et dans une moindre mesure l’impact du Covid-19.
- Une crise politique : Identitaires et Laissés pour compte tiennent la politique du gouvernement pour responsable de la hausse des prix.
Pessimisme et défiance gagnent du terrain
Une profonde inquiétude a aujourd’hui gagné le pays : 85% des Français sont inquiets de l’impact de la hausse des prix sur leur quotidien, et 6 Français sur 10 pensent devoir limiter leur chauffage l'hiver prochain. Le pessimisme marque aussi les projections à long terme : seuls 18% entrevoient la fin de la crise du pouvoir d’achat d’ici à fin 2023, et 40% ne sont pas certains qu’elle se finisse un jour.
L’enquête révèle aussi qu’un tiers des Français ne fait confiance à aucun parti pour lutter contre la hausse des prix, chiffre qui culmine à 48% chez les Laissés pour compte. Et parmi les partis auxquels les Français font confiance pour répondre à cette crise, c’est le Rassemblement National qui arrive en tête (15%). Malgré cette défiance à l’égard du politique, l’État est plébiscité dans son rôle de filet de sécurité, dans une logique de poursuite du « quoi qu’il en coûte », pour assurer un principe d’équité mais également accélérer la transition énergétique.
La crise énergétique renforce le soutien aux énergies renouvelables
62% des Français considèrent que le gouvernement a été trop lent pour investir dans les énergies renouvelables, et que c’est là une des causes de l’augmentation des prix de l’énergie. Ainsi 7 Français sur 10 se déclarent en faveur de l’accélération de la transition vers les énergies renouvelables comme réponse à la hausse du coût de la vie (et jusqu’à 82% dans l’électorat d’Emmanuel Macron).
Un lien à renforcer entre pouvoir d'achat et transition écologique
Si le débat tend parfois à opposer la priorisation du pouvoir d’achat et l'action climatique, les Français sont plutôt enclins à les conjuguer : aujourd’hui, 60% des Français considèrent que retarder les actions en faveur du climat ne fera qu’augmenter les factures d’énergie à moyen et long terme. Lorsque climat et pouvoir d'achat sont mis en concurrence, les seuls groupes qui dépriorisent le climat sont les Identitaires, et dans une moindre mesure les Libéraux optimistes.
Au-delà de la question énergétique, l’aspiration à la transition écologique se confirme : 72% des Français considèrent la sobriété comme une solution souhaitable pour lutter contre le changement climatique. Juste après les électeurs de Yannick Jadot (92%), ceux d’Emmanuel Macron y sont massivement favorables (84%). Et quoique moins largement, même les électorats de Marine Le Pen (60%) et d’Eric Zemmour (54%) y sont majoritairement acquis.
« Cette crise peut monter davantage les Français les uns contre les autres, mais elle peut aussi être l’opportunité de nous donner un cap commun, avec des objectifs précis. L'enjeu, pour la classe politique, est de rendre tangible le lien entre les efforts individuels et les réformes structurelles pour accélérer la transition énergétique largement plébiscitée », conclut Laurence de Nervaux.